Le Corps by King Stephen

Le Corps by King Stephen

Auteur:King, Stephen [King, Stephen]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Horreur
Éditeur: ALBIN MICHEL
Publié: 2019-08-10T06:09:03+00:00


16

Extrait de La Revanche de Gros Lard Hogan, par Gordon Lachance. Publié par le magazine Cavalier, mars 1975. Citation autorisée.

Ils montèrent un par un sur l’estrade et se rangèrent derrière une longue table posée sur des tréteaux et couverte d’un drap. La table, où s’entassaient les tartes, était tout au bord de l’estrade. Au-dessus s’enroulaient des guirlandes d’ampoules nues de cent watts entourées d’un halo de phalènes et insectes nocturnes. Dominant l’estrade, illuminée par les projecteurs, une grande pancarte : GRETNA – GRAND CONCOURS DE TARTES 1960 ! De chaque côté pendaient des vieux haut-parleurs fournis par Chuck Day, qui tenait le Magasin d’Accessoires du Grand Jour. Chuck était le cousin de Bill Travis, le champion en titre.

À mesure qu’arrivaient les concurrents, mains liées derrière le dos et chemise ouverte comme Sydney Carton allant à la guillotine, le maire Charbonneau annonçait leurs noms au micro de Chuck et leur mettait une grande bavette blanche autour du cou. Calvin Spier récolta de maigres applaudissements ; malgré son ventre, gros comme une barrique de vingt gallons, on ne le voyait pas rivaliser avec le jeune Hogan (Gros Lard était considéré par la plupart comme un espoir, mais trop jeune et inexpérimenté pour aller bien loin cette année).

Après Spier, on annonça Bob Cormier. C’était un disc-jockey dont l’émission, tous les après-midi sur WLAM, avait du succès. Il fut mieux accueilli, acclamé même par quelques adolescentes. Les filles le trouvaient « mignon ». John Wiggins, directeur de l’école primaire de Gretna, suivit Cormier et reçut les applaudissements chaleureux des adultes – et quelques huées lancées par les plus facétieux de ses écoliers. Wiggins réussit à offrir en même temps au public un large sourire paternel et un sévère froncement de sourcils.

Puis le maire Charbonneau présenta Gros Lard.

« Un nouveau participant du grand concours de tartes de Gretna, dont nous attendons beaucoup à l’avenir… le jeune maître David Hogan ! » Charbonneau lui mit son bavoir sous le menton sous les applaudissements. Quand ils s’éteignirent on entendit un chœur grec hors de portée des ampoules crier à l’unisson, sardonique : « Fais-leur-la-peau-Gros-Lard ! »

Il y eut des éclats de rire étouffés, des piétinements, quelques ombres que nul ne put (ou ne voulut) identifier, des rires nerveux, des froncements de sourcils officiels (d’abord celui de l’autorité la plus en vue, Hizzoner Charbonneau). Gros Lard, lui, parut ne rien remarquer. Le léger sourire huilant ses grosses lèvres et plissant ses bajoues ne changea pas quand le maire, toujours renfrogné, lui noua son bavoir en lui disant d’ignorer les imbéciles dissimulés dans l’assistance (comme si le maire avait la moindre idée de quels monstrueux imbéciles Hogan avait dû subir et continuerait à subir en traversant l’existence avec le grondement d’un char nazi). L’haleine du maire était chaude et sentait la bière.

Le dernier candidat à grimper sur l’estrade fleurie de drapeaux reçut les acclamations les plus enthousiastes ; c’était le légendaire Bill Travis, un mètre quatre-vingt-quinze, maigre et vorace. Travis était mécano à la station Amoco près du dépôt des trains, et c’était le meilleur des hommes.



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